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La Coach des Artistes (Asphodel de PUWD t'apprend à chanter)

 
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CCC
Once a camel


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MessagePosté le: Ven 19 Aoû 2011 12:15    Sujet du message: La Coach des Artistes (Asphodel de PUWD t'apprend à chanter) Répondre en citant

Je me rends compte que j'ai uniquement posté ce qui va suivre sur Facebook, alors que beaucoup de gens ici pourraient être intéressés.

Voici un compte-rendu de ma semaine de cours particuliers chez Aspho à Lyon... à l'époque ça m'a coûté 180 € mais les tarifs ont peut-être évolué.

Citation:
La coach des artistes : compte-rendu
par Aurélien Fouet-Barak, reporter envoyé sur le terrain


La coach de les artistes c’est Aurélie Raidron, plus connue par le public métal et prog sous le pseudonyme d’Asphodel, chanteuse de Pin-Up Went Down (deux albums fabuleux disponibles chez ton disquaire préféré, même que s’il les a pas c’est qu’il ne mérite pas que tu le préfères). Graphiste, photographe, prof de chant, elle sait tout faire ou peu s’en faut.. Sa démarche en tant que coach est simple sur le papier : permettre aux artistes de découvrir leur univers propre histoire de s’y épanouir tels des furieux. Axe principal d’approche : trouver sa voix... une démarche qui intéresse très fortement votre serviteur, chanteur du groupe de fusion Human Vacuum (quatre titres écoutables sur ton navigateur internet préféré, Google est ton ami) ayant une tendance coupable à enchaîner les registres chantés, râpeux, hurlés, rappés et finissant un peu trop souvent avec la voix usée à son goût.

-Le défi : parvenir à enchaîner mes registres sans me faire mal.
-L’endroit : chez Aspho, dans le centre de Lyon.
-Le cadre : une semaine de cours particuliers en face à face à hauteur de deux heures par jour.
-La métaphore de la chef : “ça fera comme dans les mangas, quand le perso principal va faire du level-up dans une salle mystique où il prend un an d’XP en une semaine”.

Go.


Jour 1

Asphodel m’accueille dans son appart, sort un énorme bloc-note, me fait asseoir... et commence une séance de psychanalyse en face à face. Non, ne fuyez pas, c’est pour rire ! Dans la forme ça y ressemble diablement, mais dans le fond il s’agit de cerner mon profil de chanteur afin de pouvoir répondre à mes problématiques personnelles. Car Aspho ne donne pas de cours de chant génériques : chaque élève se voit offrir des solutions adaptées à ce qu’il recherche, et cela passe par un questionnaire lui permettant de comprendre d’où je viens et où je veux aller. Mon histoire en tant que chanteur, mes références en matière de voix (en ce qui me concerne : Ju Cassarino de Psykup, Poun de Black Bomb A, Devin Townsend, Robb Flynn de Machine Head, Jonathan Davis de Korn, Asphodel de Pin-up Went Down...), et tout plein de trucs personnels que je ne vous dirai pas vu que c’est personnel.

Première impression : Asphodel est quelqu’un à qui on a envie de dire des trucs. Son humour, sa manière de mettre les gens à l’aise et de ne pas se prendre au sérieux incite à se confier... d’autant plus que le phénomène est réciproque et qu’elle n’hésite pas une seconde à partir sur ses propres affects dès qu’un effet de miroir le permet. Le cadre est ainsi posé clairement en quelques minutes : nous serons dans l’échange, pas dans une relation unidimensionelle prof > élève. Durant la semaine de cours qui suivra Asphodel donnera en permanence l’impression qu’elle cherche autant à apprendre de moi que le contraire, tout simplement parce que c’est le cas. Ainsi, chaque séance commencera par une vingtaine de minutes de racontage de life qui seront tout sauf du temps perdu : c’est à chaque fois l’occasion de recréer ce cadre de confiance et d’écoute, cadre nécessaire à la libération de la voix.

Une fois cette introduction terminée, nous attaquons la partie technique : qu’est-ce que je veux ? Malheureusement pour Aspho, mes demandes sont multiples :
-je ne chante pas assez juste à mon goût
-je me fais mal quand je mets du grain dans ma voix chantée (chant râpeux)
-je me fais mal quand je fais du growl death
-je me fais mal quand je tente des suraigus saturés à la Townsend / Cassarino
-j’ai un vibrato tout riquiqui et ça me gonfle


...en gros le seul point dont je suis satisfait est mon chant hurlé aigu, donc autant dire que y’a du taf. Le défi de la semaine sera de choisir trois chansons en rapport avec ces problématiques (deux de moi, une au choix) et de les attaquer point par point histoire de les optimiser... et de régler les problèmes en question au passage.

Une heure de cours s’étant déjà écoulée, nous attaquons un point essentiel à toute pratique du chant : la physiologie de la gorge et du larynx. Aspho se base sur des documents anatomiques et des vidéos de laryngoscopie histoire d’expliquer le pourquoi du comment du bouzin, et si cette partie semblera rébarbative à toute personne qui veut du résultat avant tout, elle se révèlera au final essentielle. Car comprendre la complexité hallucinante de ce qui se passe quand on chante et surtout la manière dont tout ça est interconnecté a un intérêt fondamental : savoir pourquoi telle ou telle mauvaise habitude est rhédibitoire. C’est une chose de s’entendre dire qu’il ne faut pas lever la tête quand on monte dans les aigus, c’en est une autre de capter que la manière dont cette position tire sur les muscles du coup rend IMPOSSIBLE l’utilisation optimale des cordes vocales et des résonnateurs ! Ça fait rentrer tous les conseils qui suivront dans le champ du concret, ça efface leur dimension arbitraire et du coup on adhère... là encore, Aspho a compris que prendre le temps de l’anticipation avant de rentrer dans le vif du sujet est tout sauf du temps perdu car cela permet d’optimiser les apprentissages qui suivront. Et ça, c’est la marque des très bon profs ! Pour l’anecdote votre serviteur est prof d’anglais spécialisé dans le handicap donc il sait vaguement de quoi il parle.

Fin de la séance : après s’être extasiée sur des vidéos qui ressemblent à des extraits de la tétralogie Alien, notre prof me fait bosser des exercices de détente. Chaque muscle a son exo dédié : si vous allez voir la Coach des Artistes, préparez-vous mentalement à faire des “youyouou wahaha wahahaha” en dessinant des huits avec votre tête, à roucouler en levant les bras ou à répéter “gnagnagna gnégnégné gnongnongnon” pendant trois plombes en maintenant la langue coincée entre les incisives. Excellent pour se débarrasser de toute prise au ridicule : croyez-moi, après être passés chez Aspho, vous n’aurez plus honte de rien.

Je repars avec une petite batterie d’exercices à faire chez moi et un plan d’attaque précis : je travaillerai sur deux chansons de Human Vacuum (“Les gens qui parlent seuls” et “The Void Ahead”, une nouvelle compo pas encore enregistrée) et une chanson de Breed 77, groupe dont le chanteur rivalise avec celui de Grave Digger en matière de chant râpeux d’ours enragé. Une première séance dense, bourrée de contenu, où j’aurai passé seulement dix minutes / un quart d‘heure à utiliser ma voix mais où tout le reste du temps passé prendra son sens au fur et à mesure.


Jour 2

Les transports en commun de Lyon ont beau être d’une qualité générale assez bluffante, un problème technique dans le métro me fait arriver 10 minutes à la bourre. Du coup je fais mes exos ridicules dans le métro, chose rendue possible par le fait que je ne connais pratiquement personne dans cette ville et que mon niveau de célébrité inexistant me met à l’abri de me retrouver sur Youtube. Message à tous ceux ayant pris la ligne A entre 13h55 et 14h10 : je suis pas cinglé, je devais juste me chauffer la voix. Inutile de cacher vos enfants.

Aujourd’hui le plan d’attaque est de se farcir “Les gens qui parlent seuls”... et avant toute chose, Aspho me demande de lire le texte à haute voix. Coutumier de l’exercice (j’ai fait un an d’orthophonie, indispensable dans un taf où on parle toute la journée) je m’exécute... et le bilan n’est pas hyper glorieux. Ma voix n’est pas stable, et mes inflexions varient complèteement d’une phrase à l’autre. Je mange mes syllabes, mes voyelles ne sont pas pleines (mes “a” sont des “é” déguisés, entre autres), et comme j’ai la sale manie d’anticiper mentalement en permanence sur la phrase d’après je semble être tout le temps dans l’urgence. Qu’à cela ne tienne : avant toute correction, Aspho me demande de chanter la chanson une fois histoire de voir ce qui coince... tout en me filmant histoire d’avoir un support et de pouvoir faire un avant / après. Je m’exécute et les problèmes apparaissent au grand jour :
-la première partie située dans les graves me fait déraper
-les montées dans les refrains me font flipper à l’avance car j’ai peur de les rater, et du coup comme je suis hyper tendu je n’atteins effectivement pas la note
-la fin du deuxième couplet me fait bouffer une quantité d’air impressionnante pour pas grand-chose, car je ne connais pas d’autre moyen de faire de l’émotionnitude
-la partie finale en chant râpeux me fait tousser car je racle mes cordes

Et là, point par point, Aspho va désamorcer tous ces problèmes avec une facilité déconcertante. L’approche est simple : on identifie le souci, on fait faire à l’élève une quantité d’exercices bizarroïdes n’ayant pas de rapport évident avec la choucroute, et une fois que c’est fait on demande à l’élève de refaire le passage qui pose problème... et hop ! Comme par magie, ça passe. Quand je dis bizarroïde je ne plaisante pas : dans cette seule séance je dois me représenter ma bouche comme une carapace de tortue, imaginer un oeuf Kinder posé sur ma langue, positionner ma voix entre mes deux yeux, chanter les bras levés au ciel, appeler un certain Yohann de l’autre côté de la rue pour qu’il bouge sa voiture, chanter en posant mes mains sur ma gorge / sur mon bide / sur mon front / sur mes côtes / sur ses côtes... j’en passe et des meilleures. Sauf qu’à chaque fois, quand elle me dit “bon, maintenant, retente”, je découvre que je parviens d’un seul coup à réaliser sans effort ce que je ne parvenais pas à réaliser 30 minutes avant alors que j’en chiais. Car derrière ces exos faussement farfelus se cache un savoir abyssal : Aspho sait détecter quel est le souci physiologique derrière chaque difficulté, et les exercices en question sont là pour me donner les sensations physiques nécessaires pour m’y prendre différemment... et donc y arriver. Je repars à l’attaque de la chanson avec des objectifs clairs et concrets :
-garder la bouche ouverte
-ne plus avancer ma tête tel le poulet moyen
-ne plus monter le menton quand je grimpe dans les débuts
-ne plus utiliser ma mâchoire pour symboliser mes montées et descentes
-garder ma langue basse, derrière mes incisives
-faire de vrais “a” et de vrais “o”
-visualiser le flux du son comme un courant qui coulerait collé à mon palais

Évidemment, ça fait beaucoup trop de trucs à penser à la fois. Du coup cette deuxième session est propice aux auto-corrections permanentes : dès que je pense à faire de vraies voyelles, j’oublie de garder ma tête droite. Et quand je m’en aperçois, je la remets en place... mais du coup je ne respire plus en abdominal. Etc, etc, etc ! Il n’empêche que j’ai l’impression de mieux y arriver... puis Aspho me fait me poser devant le PC et nous visionnons les deux sessions en commençant par la dernière. Et c’est hal-lu-ci-nant. En une heure de temps j’ai gagné une ampleur absolument phénoménale : mon chant emplit la pièce, j’ai soudainement un volume sonore de dingue... alors même que j’utilise dix fois moins d’air et que je ne force plus (la veine dans la cou ne trompe jamais) !! Je tombe de l’armoire, et d’autant plus quand la fin de la chanson arrive et que mon chant clair saturé se révèle dix fois plus efficace alors même que nous n’avons PAS bossé cet aspect ! Autant dire que je repars en ayant l’impression d’être le roi du monde et qu’Aspho est aux anges... car notre coach n’est pas du genre à savoir se détacher de ce qu’elle fait ou faire semblant : elle rayonne littéralement d’avoir réussi à me faire progresser et fait penser à une gamine qui aurait gagné un sac de bonbons en jouant aux billes.


Jour 3

Je suis prévenu : aujourd’hui, on attaque “The Void Ahead”, chanson que j’ai choisie parce qu’elle me fait enchaîner absolument tous mes registres (et parce qu’elle beute, aussi). Après l’habituelle séance de racontage de life arrive la séance de lecture du texte à haute voix. Et ce qu’elle m’avait déjà dit se confirme : les problématiques n’ont strictement rien à voir quand on chante en français et quand on chante en anglais. Déjà, j’ai un accent foutrement britannique qui me fait m’emmerder plus qu’autre chose : mes “i” sont de vrais “i”, mes “t” sont de vrais “t”... et là, faut pas. Il est infiniment plus simple de chanter “inside” en le pronçant “ennsaéde” qu’en le prononçant “innsaïd” ! Idem pour “better” qui passe beaucoup mieux quand on le prononce “bèdeu”, et ainsi de suite. Donc la première épreuve est de me détacher de ma déformation professionnelle et de faire du chewing-gum ! Nous passons ensuite à la première prise filmée et les problèmes sont une fois encore multiples :
-le passage en growl death (“NOW I’M BLEEDING !”) m’écorche la voix
-je n’arrive pas à mettre des notes dans mon chant hurlé aigu Cassarinesque
-le passage rappé manque de patate
-le passage rappé / hurlé m’épuise
-mes “o” sont moches et j’ai encore trop tendance à faire des diphtongues à la James Hetfield (“taéééééém” au lieu de “taaaaaaaaïm” pour dire “time”)

On est donc reparti pour une séance de remédiation Asphodel-style : vidéos gores de cordes vocales en train de faire des trucs chelous, exercices à ne pas faire en public sous peine de passer pour un COTOREP et phrases mélodiques au piano à reproduire en faisant des débilités (“chante-moi ça en disant "des paTATES et des caROTTES, tu vas voir”). Et là encore l’effet est immédiat : sur la partie en growl death, il lui suffit de me donner quelques repères spatiaux au niveau de la langue et des lèvres pour que je passe d’un mode caniche énervé à un mode Mikael Akerfeldt en l’espace de trois minutes. Miracle parmi les miracles : non seulement je sonne carrément plus bourrin mais je n’ai plus mal !! La saturation a totalement quitté ma gorge, elle se fait au niveau de mon palais et du coup je consomme moins d’air pour un résultat dix fois plus effrayant. Autant dire que j’éprouve du kif. L’autre combat ce sont les parties chantées du début qui manquent cruellement d’ampleur : autant en français il faut faire des “a” qui sont de vrais “a” (et c’est pas évident du tout), autant en anglais il faut faire des “a” avec des “é” dedans pour ne pas passer pour un branquin. Idem pour tout plein d’autres voyelles : tout ce que j’ai appris niveau prononciation la veille pour le texte en français est à désapprendre. Mais une fois ces principes de base acquis ça roule tout seul : rien qu’en arrondissant les lèvres à donf sur les “o”, je gagne en timbre et en puissance ! Je comprends à ce moment-là un principe fondamental : c’est en ayant l’impression d’en faire des caisses qu’on sonne le plus naturel. En sur-articulant, en marquant les voyelles d’une façons déraisonnable... ça sonne fluide et absolument pas exagéré. C’est une révélation, et un principe qui me permettra de progresser encore plus vite les séances qui suivent.

Je pars en ayant travaillé uniquement la première partie de la chanson (forcément, elle fait près de 7 minutes) mais en ayant atteint tous mes objectifs concernant cette section. Moi content, Aspho ravie, à demain même heure même chaîne.


Jour 4

Aujourd’hui, le but est de boucler “The Void Ahead”... et le gros défi est la partie rappée. J’ai un groove à peu près correct et je suis en rythme, mais mes attaques manquent de peps et le tout reste beaucoup trop mou par rapport à l’intention que je veux y mettre. C’est donc parti pour une séance de représentation du ghetto en force : il faut que j’assume mon phrasé et que je sois le plus ricain possible dans mes intonation. On ne dit pas “blue”, on dit “blouah”. On ne dit pas “fine”, on dit “faahénn”... et on attaque chaque phrase comme si on voulait la balancer dans la face du public. Là encore la tactique consistant à en faire des tonnes pour sonner naturel au final porte instantanément ses fruits : rien qu’en travaillant sur les voyelles, je passe du statut du frenchie qui essaye de faire du rap en anglais (et à qui on a envie envie de tapoter la tête en disant “qu’il est meugnon”) au statut de soldat du hip-hop avec lowrider, bling-bling et putes portoricaines inside.

L’autre défi : la partie qui suit, où je dois garder un phrasé équivalent mais en hurlement aigu Black Bombesque. J’en chie pour conserver mon souffle, je perds mes voyelles dès que je hurle, le tempo m’échappe... gataztroff !! Aspho contre-attaque avec des exercices encore plus chelous que d’habitude, le plus emblématique étant d’imaginer que je hurle alors qu’on me tire les cheveux vers le haut tout en me tirant le menton vers le bas. Et une fois encore le miracle se produit : dès que je m’imagine avec cette tronche en lame de couteau, ça sort tout seul. La quantité d’air dont j’ai besoin pour parvenir au même résultat est divisée par dix, ce qui me permet de ne plus penser à mon souffle... et purée, ça SONNE ! Lors de la deuxième séance filmée j’ai l’impression d’avoir un rendu de petit cochon énervé, mais dès qu’on visionne le tout je réalise que j’ai rarement au un grain aussi saturé et agressif. Et le passage growlé, seigneur Jésus... la progression est indescriptible. Je foire quelques plans à cause de l’excès de confiance que je commence à développer à force de me voir prendre un level-up continu depuis le début (les cours d’Aspho sont un ego-boost de première bourre), mais d’une manière générale je commence à sonner comme un vrai chanteur. Indice qui ne loupe pas : le soir même, je fais écouter les quatre extraits dispos sur le Net à une copine chez le mec qui m’héberge. Deux jours auparavant, j’avais fait écouter les mêmes extraits à mon hôte et j’étais satisfait... sauf que là, j’ai l’impression soudaine que ma voix est minuscule. Etriquée, sans ampleur, sans patate, médiocre quoi. Sauf que l’enregistrement n’a pas bougé d’un poil, ce qui a changé c’est moi. Je sais désormais comment je suis censé sonner et y’a pas à chier : ce n’est pas comme ça !


Jour 5

La der des ders. Vu l’impossibilité de trouver les paroles de la chanson de Breed 77 que je souhaitais bosser (“The Battle of Hatin”), je me suis rabattu sur un monument de technique vocale : “Bring on the Young”, chanson de Strapping Young Lad qui clôt l’album SYL et où Devin Townsend lie chant plaintif, chant râpeux, chant lyrique, chant hurlé et une montée en saturé suraigu qui a laissé sur le cul tous les gens à qui j’ai fait écouter le titre depuis des années (soit beaucoup de monde car je suis très prosélyte). Autant dire que si j’espère profiter du passage en lyrique pour améliorer mon vibrato, je n’ai pas une seconde l’espoir de passer cette putain de montée impossible à 3’36...

Pour la partie lyrique, la réaction d’Aspho vaut des milliards de points : “Ca ? Mais c’est tout con !!”. Après un passage par des youyouyou et une visualisation du vibrato avec mon doigt, je finis par un entraînement qui laissera sceptique le plus grand nombre : chanter avec ma bite et mon cul. Car le secret de la puissance vocale passe par l’utilisation active du périnée, cette délicate partie du corps située entre les burnes et l’anus. Vous saviez déjà qu’on doit utiliser ses abdos pour balancer des à-coups et propulser l’air ? Vous saviez même qu’on peut descendre jusqu’aux cuisses pour initier le mouvement ? Ben vous n’en étiez qu’à la moitié du chemin ! Ça demande un gros effort de visualisation (la visualisation, c’est LA technique de base pour progresser en chant), ça passe par de grands moments de solitude (“assieds-toi et essaye de pousser avec ton cul, comme si tu voulais décoller de la chaise”) mais ça MARCHE. A défaut d’être transformé en chanteur lyrique, je parviens en dix minutes à balancer un “ooooOOOOH YOUUUUUNG MAAAAACHINES” ample et doté d’un vibrato supérieur à celui d’une souris asthmatique, ce qui est un gros progrès pour moi.

Enfin, on en arrive au morceau principal : la montée en suraigu saturé. Pour la première fois depuis le début de la semaine, je vois Asphodel douter : je n’atteins pas la note à la base en voix de tête, donc pour y rajouter de la saturation bonjour. Confiante en ma tessiture qu’elle estime équivalente à celle du bon Devin, Aspho m’apprend à faire résonner ma voix de tête dans mon front (oui, vous avez bien lu : mon front) et à ouvrir un maximum. Miracle des miracles : en 5 minutes, j’atteins ladite note. Reste à rajouter de la satu, et je comprends une donnée fondamentale : mon approche qui consistait à partir de mon chant hurlé aigu (“ventriculaire”, qu’elle me dit) et y ajouter des notes n’est pas valide. Il est impossible que je ne me fasse pas mal en procédant de la sorte. Il faut que je Julien Cassarinise mon approche : partir de la note et pas du grain ! Et pour ça il y a une baguette magique : le fry. Cette approche très économe pour la voix consiste à tétaniser ses cordes vocales et à les faire vibrer en utilisant très peu d’air, ce qui donne un résultat criard et très granuleux (le chant hurlé aigu de Dani Filth, c’est ça) et permet d’ajouter des notes par la suite. Et là, ô suprise, je découvre que je maîtrise déjà cette technique depuis des années ! Moi qui aime bien faire le chat, le “mmmm” que j’utilise pour faire semblant de ronronner, c’est du fry. Y’a pu qu’à faire passer ma voix de tête par ce filtre et normalement ça doit le faire. Désapprendre ma technique foireuse de chant suraigu ventriculaire me prend une dizaine de minutes, merci les exercices systématiques d’aller retour “yaaaaaa/mmmmm/yaaaaaa/mmmm” et le fait que j’ai acquis en quatre jours une conscience aiguë de de qui se passe à l’intérieur de ma gorge, moi qui ne faisais que du tâtonnement jusque là. Cette conscience de mes fonctionnements internes est la meilleure arme qu’Asphodel m’ait donnée : désormais je pourrai travailler seul en sachant exactement ce que je fais.

La suite est là : https://www.facebook.com/video/video.php?v=2202958042364

Je n’aurais jamais pensé parvenir à ce résultat en plusieurs années de taf, et là j’ai j’y suis parvenu en QUINZE MINUTES. La Coach des Artistes, c’est ça. C’est une approche personnalisée teintée d’humanité brute, c’est une prof qui fait exactement ce qu’elle annonce : permettre à chacun de rencontrer sa propre voix. Les exercices qu’elle a faits avec moi lui ont été inspirés par mes difficultés. La manière de bosser qu’elle a eu avec moi n’est pas celle qu’elle a utilisée avec son élève du créneau précédent, ni celle de son élève du créneau suivant. Pendant une semaine Asphodel s’est totalement adaptée à moi, et c’est ce qu’elle fait pour tous. Et si son humilité compulsive fait qu’elle m’attribue la responsabilité de mes progrès à 100%, je sais bien que c’est son talent d’enseignante qui m’a permis de me dépasser, ou plutôt d’accomplir mon potentiel. Je vous l’ai dit : je suis prof. Donc quand je tombe sur une collègue douée au-delà du raisonnable, je sais la détecter.


Bilan

En dix heures de cours particuliers, Aspho m’a effectivement permis de faire un level-up équivalent à une année de travail seul. TOUTES les problématiques que j’avais apportées ont trouvé une réponse. Cela fait maintenant deux jours que je suis parti de Lyon, et je reproduis de plus en plus facilement tout ce que j’ai appris à faire cette semaine. Après près de vingt ans de pratique du chant, je sais ENFIN chanter. Et quand je vois la courbe de progression qui s’offre désormais à moi, je me prends pour la première fois à rêver de devenir un jour un tueur nucléaire du chant de le métal. Un mec qui pourra considérer ses idoles comme des pairs.

Rien que pour ça, je plussoie Asphodel comme jamais. Chanteurs, allez vous faire coacher ! Vous me remercierez après.


https://www.facebook.com/pages/La-Coach-des-Artistes/115194021905276
lacoachdesartistes@gmail.com


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