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[Dossier] LA FUSION !
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sebrouxx
Trailer Masta


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MessagePosté le: Mer 01 Juil 2009 0:57    Sujet du message: Répondre en citant

You rulzz.
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kal



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MessagePosté le: Mer 01 Juil 2009 6:05    Sujet du message: Répondre en citant

barbapopo a écrit:
... suivi de près par Freaky Styley (85) : on patauge alors dans une funk-pop sympathique, musclée au slap, cuivrée à l’occasion, et dont les incursions rock préfigurent la fusion débridée des années d’or.


A noter d'ailleurs que cet album est produit par G. Clinton, un autre papa de la fusion funk-rock des 70's.
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Daphne
Blonde Powa!


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MessagePosté le: Mer 01 Juil 2009 10:12    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai pas encore réagi, c'est juste que je lis attentivement. J'attends la suite :)
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barbapopo
Fantomaths


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MessagePosté le: Mer 01 Juil 2009 14:44    Sujet du message: Répondre en citant

Merci bien !

kal a écrit:
barbapopo a écrit:
... suivi de près par Freaky Styley (85) : on patauge alors dans une funk-pop sympathique, musclée au slap, cuivrée à l’occasion, et dont les incursions rock préfigurent la fusion débridée des années d’or.


A noter d'ailleurs que cet album est produit par G. Clinton, un autre papa de la fusion funk-rock des 70's.


Tout à fait : j'ai d'ailleurs caché un petit live avec Clinton dans cette partie !
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kal



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MessagePosté le: Mer 01 Juil 2009 16:20    Sujet du message: Répondre en citant

Très bon boulot en tout cas sur un sujet pas aussi évident que ça, über-intéressant et qui peut ouvrir à de vastes débats.
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barbapopo
Fantomaths


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MessagePosté le: Mer 01 Juil 2009 20:50    Sujet du message: Répondre en citant

(...suite du précédent)



Fusion-fusion-fusion… C’est l’heure du « tout fusion », et l’étiquette devient large, très large, presque trop large. La scène glam (en train de crever la gueule ouverte) accouche dans ses convulsions d’une groupe de jolies tarlouzes peroxydées : Extreme. Mais glam, vous avez dit glam ? Le groupe signe pourtant ses compos sous le label Funky Metal – et de fait, si l’essentiel de premier album (Extreme 89) fleure bon le spandex et la batterie triggée, les cocottes funk et le groove supraterrestre de Nuno Bettencourt (le meilleur guitariste du monde, l’ai-je déjà dit ?) sont déjà d’une autre époque.


Extreme : c’est pas parce qu’on a des gueules de cul qu’on joue comme des pieds.

S’il reste des sceptiques, ils s’en convaincront avec le terrassant Extreme II : Pornograffitti qui sort l’année suivante, parfaites Tables de la Loi du métal funk. L’émouvant single More Than Words a beau entamer une infection planétaire dès la sortie de l’album : cette jolie ballade acoustique n’est que l’arbre qui cache la choucroute. Pornograffitti, c’est avant toute chose la joie de vivre et le riff qui groove à son maximum (It’s A Monster). En plus d’une explosion de tubes en béton armé, c’est un nouveau soleil qui se lève sur le monde des guitar-héro : Nuno, le retour, seul être au monde à faire groover des riffs de shred, à péter le break funky en toute désinvolture, soliste imparable (Get The Funk Out), guitaristique ludique dont les moindres riffs, les moindres plans, cachent autant de trouvailles, de clins d’œils, de confiseries lâchées comme par distraction…



Nuno Bettencourt : la virtuosité au service du groove parfait



A l’image d’Extreme, les groupes majeurs naissent à la pelle, et ce qui n’est pas étiquetable tombe – un peu abusivement – dans la fameuse corbeille « fusion ». Ainsi King’s X, trio magique de galériens devant l’éternel, finit par sortir au bout de dix ans son premier album, Out Of The Silent Planet (88). Leur son (une basse grésillante, des riffs métaulz, le tout sous des harmonies beatlesiennes et la voix gospel de Doug Pinnick) les classe d’emblée parmi les extra-terrestres – donc les « fusionneux ». Etiquette que le groupe revendiquera par ailleurs, et même illustrera de la plus belle manière, sur les fabuleux Gretchen Goes To Nebraska de 89 et Faith Hope Love de 90. Toutefois, même si les compos sont diverses et colorées, il s’agit plus d’un tressage de différents « rocks » qu’une fusion pure et dure. Disons pour faire bref : une alliance soft de pop planante, de métal « chaud », et d’un pilonnage funk old-school à la basse.



King’s X : sept ans de galère avant la reconnaissance ; vingt ans de galère après.



Autre OVNI, les pétaradants Primus profitent de 89 pour débouler avec Suck On This, puis 90 avec Frizzle Fry tous slaps dehors. « Y a du slap ? Eh ben c’est de la fusion ! » Oui, certes… sauf qu’on ne sait pas trop ce que Primus fusionne au juste, tant le groupe semble sorti de nulle part, et occuper à lui seul une niche dans l’ecosystème du métaul (plus de détails ici).



Primus : « Say babe… do you wanna lay down with me ?? »



C’est une belle période.
Rétrospectivement, on ne peut qu’être frappé par la joie, la patate, l’optimisme unanime qui se dégage de tous ces skeuds. Et j’enfonce bien le clou : de tous ces skeuds, du plus léger au plus revendicatif. Tous, partout, affichent le même entrain, la même force juvénile, le même bonheur d’apprenti-sorcier dans un magasin de confiseries. Et ce n’est pas fini ! Car, comme si toutes les strates du genre avaient rassemblé leurs forces pour mieux brûler, 91 est l’année d’une seconde salve qui laissera tout le monde abasourdi.


C’est bien sûr les Red Hot, qui décrochent le cocotier avec le cultissime Blood Sugar Sex Magic. Plus qu’une confirmation, c’est un véritable saut quantique par rapport aux débuts du groupe : tout est non seulement meilleur que sur Mother Milk (plus efficace, plus groovy, plus marquant (plus long, aussi – 73 minutes !)), mais les compos semblent tout bonnement d’une classe supérieure, d’une eau nouvelle, d’une maturité qui rend leurs délires encore plus mortels. Bien aidés par le son naturel et vibrant de Rick Rubin, le groupe décroche au passage deux méga-hits planétaires, avec l’irrésistible Give It Away, et surtout, la tuerie-que-même-votre-cousine-de-quinze-ans-connaît : Under the Bridge.



« Salut ! Je m’appelle Anthony Kiedis, et je suis capable de chanter très très faux. »



La fusion « black » n’est pas en reste : Living Colour a donné en 90 un successeur à Vivid, avec le plus exigeant Time’s Up, excellente continuation de leur formule fatale, mais disque où la technicité prend parfois le pas sur le bonheur d’écrire. Résultat : malgré un Love Rears Up It's Ugly Head à se taper les couilles par terre, l’essai n’est pas transformé (d’un cheveu).

Nos amis des Spyz remettent quant à eux le bordel sur la table en 91, avec le décousu mais rigolo Gumbo Millenium. La porte du succès se serait éventuellement entrouverte avec le single Don’t Break My Heart… si leur chanteur P.Fluid n’avait annoncé son départ du groupe à la fin d’un concert, au beau milieu de la scène, et sans même que ses camarades aient été avertis - la grande classe.

Tandis que les Bad Brains s’enfoncent dans un marasme similaire, les conquistadors de Fishbone vomissent dans les bacs un album que certains – peut-être un peu hâtivement – ont baptisé le "Sgt. Pepper des années 90" : The Reality Of My Surroundings (91). Un Cd dense, long, chaud comme une étuve, bordélique à souhait, où les sursauts de génie surnagent dans un océan de bonne humeur (Everyday Sunshine, Sunless saturday). On retrouve sur cette galette la marque du Fishbone « deuxième manière » : un groupe à cinq têtes vocales supérieurement doué, techniquement illimité, mais qui croule parfois sous l’abondance de biens, au point d’y perdre en lisibilité.



Living Colour maintient le cap.



Plus modestement, les trasheurs de Mordred livrent un satisfaisant In This Life : le DJ, on l’a dit, fait maintenant partie de la troupe, et son scratch est de tous les bons coups. Malgré un chanteur parfois « limite », le techno-trash du groupe fait mouche, et – n’hésitant pas à entrecouper ses riffs mégadethiens de slap, ou son trash Testamentaire de funk ou de reggae – le groupe livre parfois de stupéfiant morceaux de musique (comme le single Falling Away et son passage central, d’un « épisme » à couper le souffle). Le succès reste cependant confidentiel, enterré peut-être par la vague de branleurs dix mille fois plus cools que ce combo de trasheux reconvertis sur le tard.



Mordred : tout pour plaire… sauf la voix.



C’est l’heure que choisit l’Europe pour se mettre au jus : pendant que les chtarbés finlandais de Waltari attaquent les hostilités sur un mode très punk, Urban Dance Squad accouche de Life’N’Persepctive Of A Guenuine Crossover, dans la droite continuité du premier album : des compos pêchues mais légèrement linéaires, qui brillent surtout par leur bricolage de trames, d’ambiances et de textures (grand coup de chapeau au DJ ainsi qu’à l’inventif gratteux Tres Manos). Trois touches de couleurs différentes pour s’ouvrir l’appétit : Routine, Bureaucrat Of Flaccostreet, et Grand Black Citizen.

La France, quant à elle, sort de son chapeau ses plus grands fusionneux, sous le patronyme à géométrie variable de Fédération Français de Fonck. A moins qu’il ne s’agisse des Furious Five Frogs de Paris ?? Peu importe. De fonck (= rock + funk), il est bien question chez FFF : mais leur Blast Culture de 91, produit par Bill Laswell à New York, pousse la fièvre un cran plus loin : groove à tous crins, reggae, riffs AC/Dciens, oui, Epic a eu raison de foutre le paquet sur ce premier album. Car, véritable tsunami de sueur et de « positive vaïbrations » en live, la troupe à Marco Prince s’impose dès ce premier essai comme l’équivalent d’un Fishbone français, rien de moins.



FFF, adoubés par le manitou George Clinton



1991 : le vent de la fusion souffle donc à tous les étages. Même le rock chrétien trouve un candidat timide en la personne de Dig Hay Zoose et son Struggle Fish un peu fébrile. Le festival Lollapallooza, futur « grand cirque itinérant du rock alternatif », est inauguré en grande pompe, et voit le rap d’Ice-T partager la scène avec le rock de Jane’s Addiction (lequel Ice-T rassemble doucement ses armes pour son Body Count à venir).
Primus enfonce le clou sur le branque et bancal Sailing The Seas Of Cheese, offrant au public ébaubi l’une des plus originale et impressionnante prestation « basse et batterie. »

Mais déjà, la girouette tourne doucement. Mike Patton de Faith No More ne perd pas le nord : profitant d’un break après l’excellent Live At The Brixton Academy (90), il saute en studio avec son groupe initial, Mr Bungle. Chaperonné par le gourou John Zorn, le groupe sort en 91 son premier album : coup de génie, immense foutoir grimaçant qui, sous la patate et l’énergie positive de l’époque, révèle progressivement des couches et des couches de mal-être, d’humeurs glauques et d’ordures empilées (plus de détails ici, encore une fois).

Quelque part à l’ouest des Etats-Unis, un trio de jeunes chevelus continue de casser des guitares, et sort un album nommé Nevermind. Pas de doute : les heures d’innocence et de joie débridée sont doucement en train de se terminer…



Les albums à retenir



Dernière édition par barbapopo le Mer 01 Juil 2009 21:51; édité 5 fois
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Christophe1974
Pantoprogor Christ of 1349


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MessagePosté le: Mer 01 Juil 2009 21:00    Sujet du message: Répondre en citant

Excellent Popo. (Y a du Primus donc c'est bon) Je suis tout à fait d'accord avec toi.

PS: Je t'encule moi aussi.
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sebrouxx
Trailer Masta


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MessagePosté le: Mer 01 Juil 2009 21:20    Sujet du message: Répondre en citant

Wouf, Popo! Mordred, je ne pensais pas lire ce nom de sitôt...
... et j'ai ce CD. Tiens, je vais le sortir un peu, histoire de...

Merde, Mordred.
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barbapopo
Fantomaths


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MessagePosté le: Ven 03 Juil 2009 16:36    Sujet du message: Répondre en citant

92-93 : « Le ciel se couvre en fin d’après-midi »

A partir de 92, les nuages du grunge et du rock alternatif recouvrent le ciel entier. Vénérées pendant longtemps, les énormes productions eighties, les pantalons moule-burnes et les mulets peroxydés deviennent personna non grata : l’heure est au son naturel, aux crises existentielles, et le bonheur façon « nez dans la coke-main dans le string » des années 80 est poliment prié d’aller remettre sa veste.

Début du déclin pour certains, c’est à mon sens l’heure la plus intéressante du mouvement : celle où le torrent clair et bouillonnant des premiers jours vient ralentir, s’alourdir à la tourbe du grunge.
92-93 : il ne faudra pas plus de deux années pour que l’élan, dévié, se brise tout à fait. Mais dans l’intervalle, la rencontre des courants permet de récolter le meilleur des deux mondes : la patate et l’inventivité bouillonnante des débuts, alliée au sérieux et à la profondeur du « nouveau rock ».



L’année 92 reste traumatisée par la chute de deux météorites, deux monstres de fusion qui laissent un double cratère indélébile sur la face du rock.

Le premier d’entre eux débaroule en juin : plus que l’album de l’année, plus que l’album ultime de la fusion, il s’agit à mes yeux du plus grand CD de tous les temps – je veux parler d’Angel Dust de Faith No More, bien sûr.



Des pages et des pages ne suffiraient pas pour dépeindre toute la magie de cette rondelle. Contentons-nous de dire que la fusion atteint là sa température maximale, l’état de grâce où tous les ingrédients – thrash, pop, rap, new-wave, indus, et mille autres encore – disparaissent complètement les uns dans les autres, et forment… une musique autre. Pas de mots, plus d’étiquette pour qualifier le style d’un Midlife Crisis, d’un Caffeine ou d’un Everything’s Ruined. C’est du métal ? C’est de la pop ? C’est du rock ? Impossible de savoir. Seule certitude : c’est unique, et c’est mortel.
C’est froid, aussi. L’exubérance juvénile de The Real Thing est maintenant recouverte par une banquise de synthés ; Patton a entamé sa mue, le timbre se fait plus grave ; l’humour, moins acidulé, tape droit dans les couilles ; chaque titre, enfin, est à double, voire à triple détente (cf Crack Hitler). Album à la fois complexe et lumineux, inclassable et science-fictionnesque, élu par Kerrang ! « album le plus influent de tous les temps » (ça vaut ce que ça vaut) Angel Dust est une prise de risque extrême après la tuerie The Real Thing. C’est aussi le signe que les temps ont changé et que, passées les grandes heures de l’insouciance, la fusion peut maintenant se permettre d’être introspective, « cérébralisée », sérieuse - en un mot : arty.



Les Faith No More ont toujours aimé les foules hostiles



L’autre astéroïde de 92, c’est évidemment l’éponyme de Rage Against The Machine.
Et, là où Angel Dust ne révolutionnera que la frange « avertie » du public métal, « Ratmeu » va direct empocher la mise, et rafler la reconnaissance internationale en une poignée de singles.



Rap oblige, les anciens groupes de fusion ont toujours été plus ou moins politisés, revendicatifs à des doses diverses et variées. Chez RATM, c’est radical : le couteau entre les dents fait partie de l’imagerie, de l’identité à part entière du groupe. Le jaloux Cyco Miko aura beau crier à l’arnaque, à la duperie : l’album ravage tout sur son passage. Pas seulement pour ses gimmicks, images de Che et « Mothafuckaaa » en tête : tout simplement parce que la musique est à tomber par terre.
C’est du jamais-entendu : une fusion monochrome, urbaine, radicale, seulement jaillie du trio basse-guitare-batterie ; un sens du « riff qui groove » à faire pâlir les grands du funk, joués à fond de temps par des zicos en osmose ; une production organique, moderne, puissante ; le rap étrange et remonté de Zack De La Rocha ; et pour napper un peu le gâteau, un virtuose qui redéfinit les codes du guitar-hero à coups de gadgets sonores. Dernier atout de taille : les compos tuent, du fameux Killing In The Name qui ravagera Fun Radio, au terrible Freedom, grand favori des Best of Trash de M6, en passant par l’imparable Know Your Enemy (où un certain Maynard, inconnu alors, vient pousser la chansonnette.)



Rage Against The Machine : un premier album à inscrire dans la légende du rock.



La fusion, maintenant, c’est du sérieux. Le bourdon gagne lentement King’s X, qui sort un éponyme assez noir en 92 : la joie demeure, notamment sur le single Black Flag ; mais la mélancolie s’est lentement infusée dans tous les pores de l’album.

Les seuls à rater le coche sont peut-être nos choucroutés d’Extreme, qui signent en 92 un concept album en trois parties, III Sides To Every Story. Musicalement, l’offrande est d’une richesse extraordinaire, et constitue sans conteste le deuxième pic artistique du combo : mais, avec ses 75 minutes et ses trois mouvements plus que chargés (un tiers metal funk à la Pornograffitti, un tiers de pop, et le dernier tiers proggo-popeux/sympho-pompeux), l’ensemble croule un chouia sous son propre poids, et passe dix bornes au large de l’esprit de l’époque. L’une des meilleures sorties de l’année, quoi qu’il arrive : les singles Rest In Peace et Tragic Comic achèveront peut-être de vous en convaincre.


Extreme : des tueurs en studio comme en live.



Le reste de la scène est en train de reprendre son souffle, à l’exception peut-être de Waltari qui, depuis sa Finlande natale (où son succès restera toujours confiné), nous torchent un Torcha pas dégueu à écouter, sorte de The Real Thing remis au goût du jour avec brio.


Impossible toutefois de clore l’année 92 sans parler des « grands perdants » de l’époque : nos amis des 24-7 Spyz.
L’histoire était restée sur le départ surprise du chanteur en fin de concert – chanteur bientôt suivi par le jeune batteur, retourné suivre ses études et sa copine. Amputés de moitié, les Spyz vont boire le bouillon pendant un an.
Mais la bête n’a pas dit son dernier mot : un batteur est embauché, le petit blanc Daniel Maitoza… qui poutrave tout sur son passage, et relègue son prédécesseur loin dans les virages. Idem pour le chanteur dégoté sur le tard, l’extraordinaire Jeff Broadnax, vocaliste au grain unique, et véritable égal d’un Corey Glover (Living Colour). Le groupe part avec Terry Date (pas de la merde, quand même), enregistrer le EP This Is… 24-7 Spyz – puis (surtout) l’album Strength In Number.
Ici aussi, l’heure des délires et de la déconnade est passée : Strength In Number, c’est quinze titres solides, profonds, enlevés, riches, composés au cordeau, quinze briques qu’on se prend coup sur coup sur la tronche… mais dont personne ou presque n’entendra parler. Voilà en effet l’une des « tragédies ordinaires » de l’histoire de la musique : la maison de disque décide de ne pas soutenir l’album, qui se retrouve très vite en rupture de stock. Dégoûtés, tués dans l’œuf, les Spyz n’ont plus qu’à se la mettre sur l’oreille, et à boire la tasse une nouvelle fois. On se consolera en écoutant les rares extraits disponibles sur le net, dont l’excellent Break The Chains.


24-7 Spyz : le groupe de fusion qui a le plus la scoumoune de la terre.


Même topo pour les Bad Brains, qui sortent enfin la tête de l’eau avec leur Rise de 93. Là encore, batteur et chanteur ont permuté. Là encore, les remplaçants abattent du lourd, comme sur la chanson-titre sortie en single. Mais l’album, fusion alternative plus conventionnelle, et moins « vache enragée » qu’aux débuts du groupe, se révèle beaucoup moins marquant qu’un Strength In Number.
Même punition cependant, avec un split qui fait replonger le groupe au cours de la même année.


Et quelle année ! Le grunge triomphe de partout, avec notamment Dirt d’Alice In Chains ou le très groovy VS de Pearl Jam. 93, avec la sortie d’In Utero, voit se généraliser le « bad mood » dans les rangs de la fusion :


Primus s’enfonce dans la noirceur grinçante avec le squelettique Pork Soda. Il décroche ce faisant son premier hit en larguant My Name Is Mud, trip quasi-exclusivement percussif qui fera les beaux jours de MTV.


Primus vire au noir.

Living Colour, après le départ de son bassiste (Muzz Skillings, jazzeux surdoué) s’offre les services du plus grand distributeur de mandales-slap de tous les temps : Doug Whimbish. Résultat : Stain, un album bien dans son époque, plus noir et plus dur, dont le ton « revendicatif » est directement donné par la pochette (le visage d’une femme dans un casque d’esclave).
Les quelques singles extraits de l’album montrent en effet que le zouk d’un Glamour Boys est loin derrière : Bi, Nothingness, Leave It Alone, c’est de la fusion-grunge burnée - rien de plus, rien de moins. Le groupe présente ce faisant une facette plus profonde, moins sunshine, mais tout aussi intéressante musicalement… même si les faveurs du public commencent doucement à s’éloigner.

Le ton se durcit également chez Mordred, dont le EP Visions ressert le propos sur une fusion plus ambitieuse, et jouant plus librement sur les atmosphères. West Country Hospital raconte par exemple le séjour en hôpital psychiatrique du chanteur, qui sera d’ailleurs viré quelques temps plus tard...

Tout aussi dégrisés, les français d’FFF optent quant à eux pour l’ « album-planète » : Free For Fever, énorme album mystique et torrentiel, est enregistré sous la houlette de Mark Wallis. C’est un CD rempli jusqu’à la gueule de couches, de détails, de titres épiques, d’interludes enfantins ou vaporeux. Le spectre musical et émotionnel s’est considérablement élargi : si les joyeusetés funk font encore leur apparition – sous une forme maintenant très sophistiquée - les morceaux descendent plus qu’à leur tour caresser le mode mineur, que ce soit par le biais d’un reggae cafardeux (Drugs), d’une guitare thrash, ou d’un funk plombé au métal.


Les frenchies d’FFF placent la barre très haut…


Même les fêtards surdoués de Fishbone voient leur soleil s’obscurcir. Give A Monkey A Brain, qui sort au cours de l’année, est leur deuxième album « monstrueux », le deuxième pic de leur carrière après The Reality Of My Surrondings. Tout aussi long, tout aussi foisonnant, tout aussi indéfrichable, il démarre pourtant sous les auspices bien plus lourdes d’un Swim, puis d’un Servitude, puis d’un Black Flower ; autant de morceaux « graves » qui, d’entrée, déboussoleront les fans de leur fusion solaire. Le tableau s’équilibre pourtant sur le reste de l’album, avec le cultissime Unyielding Conditionning – et l’image finale est celle d’une oeuvre certes plus adulte, mais tout aussi jouissive et maîtrisée que les tueries précédentes.



Le line-up historique de Fishbone vit ses dernières heures…


93 est l’année des albums les plus « lourds », les plus ambitieux de la fusion : Free For Fever, Give A Monkey A Brain… Beaucoup plus confidentiels – voire carrément introuvables – deux groupes minuscules larguent cependant quelques bombes maousse costauds.

Les amerloques de Dig Hay Zoose, d’abord, se placent sous la tutelle du grand manitou de la scène « rock-chretien », Gene Eugene, et sortent le très beau MagentaMentalLoveTree : ample fusion rêveuse, à mi-chemin entre la patate des RedHot et l’acidité de Jane’s Addiction, avec un fort côté planant et spirituel. (Le disque, inchopable aujourd’hui, n’est même pas référencé sur le net – je vous invite à jeter une oreille sur les quatre extraits de leur myspace).

Du côté du Canada, les virtuoses d'I Mother Earth balancent un premier effort assourdissant, d’une richesse et d’une maturité qui laissent rêveur : Dig. Là encore, c’est du 73 minutes assurées (de quoi faire mentir la légende voulant qu’un album de fusion dépasse rarement les trois quarts d’heure), long trip de treize morceaux épiques où le slap trouve naturellement sa place dans un mur de guitares, passant de métal au blues sans perdre une once d’identité. Voici les quatre premiers titres de l’album (tous des singles), histoire de donner une carte de visite indélébile : Levitate, Rain Will Fall, So Gently We Go et Not Quite Sonic.
On notera également que, la même année que Chaos AD, deux ans avant Roots et dix ans avant les Mars Volta, nos canadiens osent la fusion du rock et des percus latinos à forte doses, comme sur l’excellent morceau No One… Hélas, là également, l’impact est quasi-nul hors des frontières du pays, et trouver un CD d’IME est en passe de devenir un trophée de chasse aujourd’hui…



I Mother Earth, c’est aussi un guitariste hors-pair.



Mais quittons l’underground, aussi riche et passionnant soit-il.

À l’heure où les radios ne jurent plus que par le rock-alternatif, la fusion light des Spin Doctors est venue se glisser sur les ondes comme dans leurs charentaises. Le terrain est en effet balisé pour que le blues-funk-pop tranquille de Pocket Full Of Kryptonite alunisse en douceur au sommet des charts. Et qui ne se souvient pas du single Two Princes ?



Les Spin Doctors : un groupe qui sait ce que « groover » veut dire.



Les Red Hot, quant à eux, sont les grands absents de cette période : cramé par son jeune âge et la pression, John Frusciante s’offre overdose sur overdose, perd ses dents, son poste de guitariste, quasiment la vie…


La roue a tourné. Ces premières ombres – qui, paradoxalement, ont donné tout leur relief au paysage – vont finir par le couvrir tout à fait. C’est le début de la réelle asphyxie et, même si quelques chef d’œuvres restent encore à éclore, les heures de la fusion « colorées » sont pratiquement terminées.


Albums à retenir



Dernière édition par barbapopo le Ven 03 Juil 2009 17:17; édité 1 fois
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bap175



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MessagePosté le: Ven 03 Juil 2009 17:01    Sujet du message: Répondre en citant

Excellent dossier Popo, le plus intéressant à mon gout car il aborde une période que je connais mieux, puis Angel Dust quoi!
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Dernière édition par bap175 le Ven 03 Juil 2009 17:04; édité 1 fois
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Fly
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MessagePosté le: Ven 03 Juil 2009 17:02    Sujet du message: Répondre en citant

Va falloir que je creuse (haha) pour trouver le I Mother Earth, ça donne vachement envie ton truc, et peut-être que sur place c'est trouvable.
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Il n'est point de réel voyage dont la destination ultime ne soit le point de départ.

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bap175



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MessagePosté le: Ven 03 Juil 2009 17:20    Sujet du message: Répondre en citant

D'ailleurs ça me fait penser que je ne possède toujours pas Blood Sugar Sex Magic, ça fait depuis le collège que je me dis qu'il me le faut...
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sebrouxx
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MessagePosté le: Ven 03 Juil 2009 18:27    Sujet du message: Répondre en citant

Fly a écrit:
Va falloir que je creuse (haha) pour trouver le I Mother Earth, ça donne vachement envie ton truc, et peut-être que sur place c'est trouvable.


Sortant de la lecture de ce nouveau volet, je me suis fais la même réflexion.
Sinon, tu t'en fous, Popo mais je déteste Free For Fever de FFF.
Mais plussoie pour 24-7 Spyz que Popo m'a fait découvrir voilà deux ans. Du bon son qui vaut le détour. Commencer par l'album préconisé plus haut'. Et prenez une beigne.

Merci, Popo.
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Fly
Geisharlebois


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MessagePosté le: Ven 03 Juil 2009 18:32    Sujet du message: Répondre en citant

Oh, il semble qu'il y en ait quelques exemplaires au HMV pour 12 $, je crois que je vais aller y faire un tour tantôt :)
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Il n'est point de réel voyage dont la destination ultime ne soit le point de départ.

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painlesslady
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MessagePosté le: Ven 03 Juil 2009 19:33    Sujet du message: Répondre en citant

Ce dossier déchire, franchement, une vraie mine d'or ! Non seulement, le dernier post sur la période 92-93 me rappelle de bons souvenirs de jeunesse mais j'apprends plein de trucs. Je réalise que sans le savoir, j'écoute quand même un peu de fusion (FNM, Red Hot, RATM...) et surtout, que des groupes que je ne connaissais pas jusque là peuvent se révéler être de bonnes découvertes potentielles. Je vais me pencher sérieusement sur Extreme et Fishbone notamment.

A quand le même genre de dossier sur d'autres genres ?
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Oni²
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MessagePosté le: Ven 03 Juil 2009 20:04    Sujet du message: Répondre en citant

C'est clair. Ca c'est du dossier. Popo devait sérieusement préparer ça depuis un moment vu le soin apporté aux détails qu'on peut y lire.

Encore Bravo Heandbang
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anoraknophobic
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MessagePosté le: Ven 03 Juil 2009 20:33    Sujet du message: Répondre en citant

Mazette, quel topic riche en infos ! Blink
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barbapopo
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MessagePosté le: Sam 04 Juil 2009 11:37    Sujet du message: Répondre en citant

Content que ça vous plaise ! Merci à vous !

à Oni : vu que j'ai écrit ça "petit bout par petit bout", quand j'avais le temps, c'est vrai que ça traîne depuis un moment sur mon ordi...

Il a fallu donner un petit coup de collier final pour mettre le tout en forme - mais le plus long, dernièrement, a été de remplir (et trouver!) les liens derrière les images/chansons/noms de groupes/noms d'albums.

En même temps, c'était le plus rigolo : j'ai pataugé comme un goret dans les YouTube, Dailymotion et autres Deezer, ce qui m'a permis également de faire de belles découvertes.

Par exemple, je suis super heureux d'avoir déniché les deux clips de 24-7 Spyz que j'ai collés dans le dernier topic !

Non seulement parce que ce sont deux belles raretés - mais surtout : parce qu'il n'y a presque rien de potable sur ce groupe dans le net, tant sur le plan video qu'audio ! Alors là, j'espère que vous allez en profiter, parce que dans le genre "diamant caché", ces deux chansons se posent là !


à seb : ah oui, tu ne peux pas sacquer Free For Fever ? Même pas Leave Me Alone ou R U Real ?

Qu'est-ce que tu lui reproches exactement ?
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Christophe1974
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MessagePosté le: Sam 04 Juil 2009 12:13    Sujet du message: Répondre en citant

Le mec de gauche sur la photo de SPIN DOCTOR me fait penser à Popo.
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Dizayeure
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MessagePosté le: Sam 04 Juil 2009 17:01    Sujet du message: Répondre en citant

Très très bon tout ça popo !

Vivement la suite :)
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